1 - Les plages du Karnataka



Panajim (Goa), le 29 novembre 2007

Drôle d’Inde
On m’avait prévenu que Goa, ce n’était pas tout à fait l’Inde. Effectivement. Si je retrouve à la sortie de l’avion la même chaleur lourde et humide accompagnée de l’odeur poisseuse et entêtante qui m’avaient frappé l’an dernier à New Delhi, le cadre n’est plus le même. A ma sortie du taxi, dans le quartier de Panajim, les maisons croquignolettes aux murs jaunes et rouges ornés d’azulejos ont de faux airs de Lisbonne. Au coin d’une rue, un groupe d’Indiens chante des prières en s’accompagnant au violon devant une petite niche tout ce qu’il y a d’hindou avec ses couronnes de fleurs, à ceci près qu’elle contient une statue de Saint-François-Xavier, le grand évangélisateur de l’Asie. Les Portugais n’ont quitté l’état de Goa qu’en 1961, après quatre siècles d’occupation inaugurés par les tribunaux de l’Inquisition. Ici, on torturait les indigènes qui refusaient de se convertir… Du coup, un tiers de la population est encore catholique et Noël y est, paraît-il, une fête magique. Ca laisse quand même un drôle d’arrière-goût. Le lendemain de mon arrivée, je me rends à Old Goa, capitale de l’état jusqu’en 1843. A la place de la cité qui rivalisa jadis avec Lisbonne, je trouve un simple parc entouré d’une demi-douzaine d’églises, certes somptueuses et monumentales, mais isolées. Devant la basilique Bom Jesus, une messe à la liturgie familière malgré l’exotisme de la langue est donnée sous un toit de voiles devant une foule d’Indiens très recueillie.




Kagal (Karnataka), le 3 décembre

Bienvenue au paradis
Après quatre heures de bus vers le sud, me voici à Kumta, dans l’état du Karnataka. Je suis venu retrouver Juan et Hugo, deux amis français qui se sont occupés de moi l’an dernier alors que j’étais malade au Ladakh, dans le nord de l’Inde. Après une demi-heure de rickshaw sur un petit chemin perdu au milieu des champs et des rizières, j’arrive à destination. Ils habitent un petit « Land » paradisiaque au bout de Kagal Beach, une plage déserte de sable fin de sept kilomètres.



De la mer, on n’en discerne qu’une palissade sommaire bordée de plantes et une petite cabane en nattes tressées donnant sur la mer, qui me sert de bureau pour écrire ces lignes.



En entrant dans la petite propriété, on emprunte un court chemin bordé de bananiers, qui débouche sur la cuisine et la douche, une petite rivière à sec en cette saison et deux farés, de charmantes cabanes en bois montées sur pilotis au milieu des cocotiers, peintes aux couleurs verte, jaune et rouge des rastas et reliées par des farandoles de drapeaux bouddhistes multicolores du Ladakh.






Le coin est on ne peut plus tranquille. Le matin, les pêcheurs des cahutes voisines ramènent leurs poissons sur leurs pirogues, sous l’œil indifférent des quelques vaches qui tentent vaguement de brouter le sable. Ensuite, c’est au tour des villageoises de traverser la plage pour laver leur linge à la source voisine. Le soir, des adolescents jouent au cricket devant le soleil couchant. Je n’y verrai jamais un touriste.



Kagal, le 6 décembre

Doucement et pas trop vite
Les journées se déroulent très, mais alors très calmement. Moi qui ne suis pourtant pas d’un naturel agité, je suis surpris par ce brutal coup de frein. Et puis, finalement, je m’habitue assez vite. Les principales occupations de Juan et Hugo consistent à mettre en place des projets de land art, à jardiner, se baigner au milieu des dauphins, griller du mérou géant au barbecue, empêcher les vaches de pénétrer dans l’enclos où elles saccagent les plantations et chasser les chiens errants qui farfouillent dans la cuisine. Nous suspendons une chaise en osier entre deux cocotiers pour pouvoir bouquiner en lévitation face à la rizière qui jouxte le terrain et montons des installations d’ombres chinoises prévues pour la pleine Lune.




Le soir, on disserte sans fin dans les volutes de chilom et de reggae sur des histoires de brahmanes rapaces, de singes à crête punk, de cargaison de cocaïne tombée miraculeusement d’un avion dans le jardin d’un ami dominicain et, surtout, sur les futures installations de Juan et Hugo.






Vu comme ça, d'accord, ils ont l’air de deux doux dingues perchés sur leur plage du bout du monde. C’est vrai qu’ils planent un peu, mais il leur arrive aussi de se poser.

L’Ouroboros
Juan expose depuis les années 80 dans les galeries européennes et new-yorkaises ses peintures, collages et sculptures qui traitent essentiellement de la question du voyage et des frontières. Il a passé la majeure partie de sa vie sur la route et, il y a sept ans, il a rencontré Hugo et son père dans le Rajasthan. Hugo n’avait alors que dix-huit ans, et son père était sur le point de dénicher le petit coin de plage dont il allait faire le Land. A sa mort en 2005, Hugo et Juan lancèrent le projet de l’Ouroboros. Il s’agit d’un motif alchimiste du XV° siècle représentant un serpent qui se mord la queue, symbole de l’autorégulation de la nature par la destruction et la création, qu’ils reproduisent dans de gigantesques proportions pour dénoncer la société de consommation courant à sa perte. Depuis lors, ils parcourent le monde pour mener à bien leur projet, au guidon de leurs magnifiques motos Royal Enfield ornées du lion de Judah, de l’effigie de Bob Marley et du slogan « One Love » sur fond vert, jaune et rouge.

Une multitude d’options
Ils ont tracé leur premier Ouroboros à l’aide d’un bulldozer dans le désert du Sinaï, avec le soutien de l’Agence Spatiale Européenne qui leur a offert les clichés par satellite. Un autre était réalisé sur la mer devant le port de Jaffa à Tel-Aviv, mais l’assemblage de bouteilles a été disloqué par la tempête avant que la photo ne soit prise. Cette année, après six mois de prospection au Népal, ils ont fini par se faire éconduire par les maoïstes qui auraient préféré une structure en forme de Lénine... Actuellement, ils se débattent avec l’administration du Karnataka pour obtenir l’autorisation de mettre en place sur un estuaire un Ouroboros constitué de plusieurs kilomètres de filets de pêche accrochés à des perches de bambou. A l'avenir, ils espèrent travailler sur un lac près d’Harar en Ethiopie, un lac salé près d’Ankara en Turquie, la côte de Belize en Amérique centrale, un glacier au Chili... Grâce à Internet, ils voudraient à terme organiser et animer des expositions de photos simultanément à Paris, New-York, Londres et Tokyo. Comme le dit Juan, « le grand avantage de l’artiste qui fume son chilom dans son faré, c’est qu’il a le choix entre une multitude d’options »... Heureusement, une amie parisienne du circuit de l’art contemporain, Muriel, vient d’arriver pour quelques semaines et leur donne un coup de main pour les connecter davantage au monde extérieur. Voici les beaux gosses accompagnés de Muriel.




Kagal, le 7 décembre

Hindous et musulmans
Le temps s’écoule tout seul ici. Juan et Hugo sont charmants, toujours tranquilles, même si Juan ronchonne à longueur de journée pour un oui ou pour un non. Mon séjour est aussi l’occasion de les interroger sur le fonctionnement de la société indienne. J’apprends que les gens qui travaillent dans les rizières et les marais salants environnants sont des hindous, généralement des intouchables, tandis que les pécheurs sont des musulmans chiites. Lorsque je les vois devant leurs cahutes, j’ai du mal à faire la différence en dehors des calottes blanches sur la tête des hommes. Mais dans la ville voisine de Kumta, le contraste est saisissant entre les femmes hindoues en saris multicolores et les musulmanes planquées sous leur tipi noir, d’où émerge leur regard, très érotisé bien sûr. Il n’empêche que tout semble bien se passer entre les deux communautés, d’autant que selon Pouri, le paysan qui habite également sur le Land avec sa femme, les musulmans font preuve de la plus grande discrétion lorsqu’ils attrapent une vache pour la boulotter.




"Ne jamais leur faire confiance"
Par contre, Juan et Hugo apparaissent très désabusés à l’évocation de leurs rapports avec leurs voisins. En tant qu’Occidentaux, ils sont à la fois inférieurs aux intouchables, car ils n’appartiennent à aucune caste, et victimes de la jalousie générale du fait de leur richesse supposée. Surtout, ils sont entourés de paysans un peu benêts parmi lesquels, après quatre années sur le Land, il ne s’en est trouvé aucun avec lequel ils aient réussi à lier d’amitié. En fait, ils sont très isolés sur leur bout de paradis. « L’Inde est la récompense du mec qui veut kiffer, par contre les Indiens n’intéressent personne. Il ne faut jamais leur faire confiance, même entre eux ils se font les pires crasses », rouspète Juan, avant de citer triomphalement Henri Michaux, qui décrivait en 1933 dans son livre « Un barbare en Asie » l’hindou du sud de l’Inde comme – je résume mais ce sont les mots de Michaux – « un être petit, vif, colérique, cupide et bas du front, dont la religion a perdu sa beauté et sa paix ». L’ouvrage que je lis en ce moment, « L’Inde où j’ai vécu » écrit par Alexandra David-Néel il y a un demi-siècle, me permet aussi de mieux comprendre l’absurdité du système des castes. Selon elle, jamais un brahmane n’accepterait de manger de la nourriture souillée par le regard ou même l’ombre d’un intouchable. Même sur les bancs des églises, jamais les fidèles issus de castes différentes ne se mélangent. D’ailleurs, seuls les Indiens situés au bas de l’échelle se sont convertis au christianisme dans l’espoir d’échapper à leur condition, mais ils continuent d’honorer leurs anciens dieux, de peur qu’ils ne se vengent en les réincarnant en chiens ou en cafards... La découverte de ce racisme et de cette hypocrisie cachées derrière leurs manières incompréhensibles ne m’est pas très agréable, mais j’ai quand même de bons souvenirs de rencontres l’an dernier. Je verrai bien.




Kagal, le 8 décembre

Féerie
Pendant une balade à moto dans la campagne, Hugo me donne un autre éclairage sur sa vision de l’Inde. Bien sûr, les rapports sont compliqués avec les habitants. Mais il voit aussi le pays comme un endroit féerique, dont la violence et le vol sont quasiment bannis, du moins à la campagne – il laisse toujours ses clés sur sa moto –, et où la vie des animaux est respectée. Il est vrai que l’immense majorité des Indiens est végétarienne, même si cela évolue doucement. La péninsule où nous nous trouvons prend des allures de jardin merveilleux à l’occasion des fêtes religieuses quasi quotidiennes et de leur cortège de bougies, guirlandes de lumières, dessins géométriques multicolores, tentures sur les temples et statues des dieux que l’on habille et promène… Enfin, bien sûr, il y a les femmes aux saris flamboyants, aux kilomètres de bracelets à chaque bras et aux fleurs dans les cheveux.





Kagal, le 10 décembre

Les vaches et les buffles indiens, selon Henri Michaux
Je ne résiste pas au plaisir de citer ce passage d’ « Un barbare en Asie » de Michaux, dont je partage volontiers le point de vue sur les rapports entre les Indiens et les vaches :
« Ils ont fait alliance avec la vache, mais la vache ne veut rien savoir. Il y a des vaches partout dans Calcutta. Elles traversent les rues, s’étalent de tout leur long sur un trottoir qui devient inutilisable, fientent devant l’auto du Vice-roi, inspectent les magasins, menacent l’ascenseur, s’installent sur le palier, et si l’Hindou était broutable, nul doute qu’il serait brouté. Quant à son indifférence vis-à-vis du monde extérieur, là encore elle est supérieure à celle de l’Hindou. Visiblement, elle ne cherche pas d’explication ni de vérité dans le monde extérieur. Maya tout cela. Maya, ce monde. Et si elle mange ne fût-ce qu’une touffe d’herbe, il lui faut plus de sept heures pour le méditer. »




Un peu plus loin, Michaux évoque aussi joliment les buffles, dont le caractère n’est pas très éloigné de celui de la vache…
« Inutile de dire que le buffle d’eau est lent. Le buffle d’eau désire se coucher dans la boue. En dehors de cela, il n’est pas intéressé. Et si vous l’attelez, fût-ce dans Calcutta, il n’ira pas vite, oh ! non, et passant de temps à autre sa langue couleur de suie entre ses dents, il regardera la ville comme quelqu’un qui s’y sent fourvoyé. »



En même temps, par souci d'honnêteté intellectuelle, je me dois de montrer aussi cette photo de deux boeufs au travail.



Encore que l'un d'eux se soit tranquillement couché devant le soc de la charrue quelques instants plus tard...

Kagal, le 12 décembre

Négociations autour d’une moto
Instruit par mon expérience du Ladakh l’an dernier, j’ai en projet d’acheter une Royal Enfield, la légendaire moto de Steve Mac Queen dans La grande évasion, de Che Guevara pendant ses campagnes sud-américaines et de Lawrence d’Arabie sur les routes anglaises... Je me vois déjà au guidon de cette petite merveille tout droit sortie des années quarante, traçant ma route au milieu des rizières et des temples. Le maire de Kagal vend la sienne, qui est splendide. Mais il me la joue à l’indienne, fait traîner, ne vient pas au rendez-vous. Après une semaine d’attente, il m’annonce que sa moto est chez un ami et qu’elle ne rentrera que dans trois jours. Je décide donc de partir faire un tour dans le coin du village voisin de Gokarna en attendant son retour.

Gokarna (Karnataka), le 13 décembre

Une ville en cours de saccage
Gokarna est un lieu de pèlerinage commun aux Indiens et aux hippies. On y trouve un lingam de Shiva, le symbole vénéré de son pénis, un petit lac sacré, des ruelles aux jolies maisons traditionnelles et de nombreux temples. Mais le village est en train de changer avec l’aménagement de la rue principale. Tout bonnement, les Indiens l’agrandissent en détruisant les bâtisses séculaires pour les remplacer par du neuf. Ce n’est pas le premier endroit de la région que je vois lancé dans de tels chambardements. Le sud du pays avance et s’enrichit à vue d’oeil, mais le patrimoine en prend un sacré coup. En attendant que la cité soit totalement défigurée, on croise encore au côté des brahmanes de vieux babas à barbe blanche et de jeunes travellers à dreadlocks et colliers de boules de bois. Ces derniers sont également disséminés tout le long de la côte en descendant vers les quatre plages qui se succèdent vers le sud. En deux heures, on atteint Kubili Beach, déjà un peu construite, la grande Om Beach où les amateurs de yoga saluent le soleil chaque matin, la toute petite et sauvage Half Moon Beach et enfin, la plus belle et la plus sulfureuse pour les prudes Indiens, Paradise Beach. C’est là que je m’installe.




Paradise Beach, le 17 décembre

Footballeurs nudistes
La plage, une crique adossée à flanc de colline, mérite bien son nom. A mon arrivée, une poignée d’éphèbes à dreadlocks joue au football devant des naïades aux seins nus alanguies sur le sable. Un peu timide, je me mets dans l’équipe des maillots de bain, mais nous nous faisons étriller par les nudistes, emmenés par un Anglais qui s’est fait tatouer un magnifique bosquet de champignons hallucinogènes sur le flanc. Dans un coin, deux Indiens font semblant de téléphoner pour prendre en photo la poitrine d’une fille, qui proteste énergiquement. A la fin du match, je me baigne dans une eau qui doit osciller entre 27 et 28°, pose mes affaires dans une hutte face à la mer, avant de passer au restaurant me faire servir un mémorable dali au poulet devant le coucher de soleil… Rapidement, je fais connaissance avec les pensionnaires de cette colonie de vacances cosmopolite. Quelques uns sortent d’un stage de méditation, où ils sont restés dix jours sans manger de viande, boire d’alcool, fumer de cigarettes ni même parler. Mes voisins, deux Malais et un Allemand, arrivent de trois mois de yoga à Richikesh et se préparent à remettre ça. Le lendemain, l’un des Malais a la gentillesse de me masser pendant une heure et demie avec son huile ayurvédique, s’attachant à dénouer patiemment chacun de mes points de tension. De temps en temps, il affirme qu’il tombe sur une zone gazeuse due à ma surconsommation de viande et d’alcool, et je l’entends roter ce qui serait mes propres gaz. Je ne me défends pas, soucieux de ne pas le déconcentrer.




Petite culotte blanche
Chaque après-midi, la petite bande se retrouve sur la plage pour parler bracelets de perles, comparer ses tatouages et enfiler des coquillages percés sur ses dreadlocks. Certains se sentent tellement bien sur cette plage qu’ils n’en ont pas bougé depuis plus d’un mois. Le soir, tout n’est qu’amour et félicité lorsqu’autour du feu, l’assemblée déshabillée se prend les mains pour une minute d’harmonie universelle. Alors qu’une étoile filante traverse le ciel, un Brésilien extatique sous sa couronne de cheveux bouclés assure que tous ses vœux sont déjà exaucés. Mais il n’empêche que ça manoeuvre sec pour se rapprocher de la belle Anglaise qui retire son soutien-gorge en peau de bête et de la blonde teenager américaine qui brandit en rougissant sa petite culotte blanche.



Le sourire de la Lune
Djamel, guitariste émérite et boute-en-train officiel de la troupe, est prêt à aller très loin pour se ménager les faveurs des jolies Israéliennes, comme répéter à tous vents qu’il s’appèle Elie et chanter gaillardement « Evenu Shalom Balerem ». Sa tactique pourtant astucieuse rencontre un accueil mitigé, mais il se rabat avec succès sur une Irlandaise ivre morte quoiqu’aux réactions imprévisibles, avant de se casser les dents le lendemain sur une Québécoise dépressive. Au-dessus de nos têtes, la Lune naissante nous contemple en arborant son curieux sourire narquois des tropiques. Je rigole bien moi aussi, mais au bout d’un moment cette ambiance de Loft sous les cocotiers commence à me lasser. Il est temps d’aller voir ailleurs.



Kagal, le 18 décembre

Marchandage
Je reviens à Kagal pour acheter cette satanée moto avant de prendre la route. Rendez-vous est pris avec le maire, qui me la laisse pour essai une après-midi. Le moteur vrombit, sur ma splendide 350 cc vintage je suis fier comme un paon. Mais moins d’un kilomètre plus loin, le boîtier de la batterie s’ouvre et tout se casse la figure. Hugo m’aide à remettre les fils qui tenaient miraculeusement grâce à du scotch. En repartant vers l’épicerie où doit s’effectuer l’achat, c’est l’embrayage qui lâche et je dois pousser sur les 200 derniers mètres. En tout, il faut changer le système électrique et l’embrayage, réparer le compteur, la poignée d’accélération, la fuite de la fourche, les feux des freins, le klaxon, le phare avant… Je m’accroche quand même, après tout elle n’a que trois ans et son moteur est en bon état.
J’ai emmené 35 000 roupies (550 euros), c’est un peu plus que la cote mais les Indiens vendent toujours au dessus du marché aux Occidentaux et leur rachètent en dessous. L’objectif est de ne pas perdre plus du tiers de la mise à la revente dans deux mois. En gros, je peux en espérer entre 20 et 25 000 si tout se passe bien. Mais mon vendeur me prend pour un Américain et il refuse de descendre en dessous de 42 5000, d’autant que ses amis sont tous là à suivre la négociation. Il se marre, fait semblant de ne pas comprendre mes réserves, minore les réparations nécessaires, invoque sa mère qui ne veut pas qu’il vende… En fait, il ne semble pas avoir assez envie de s’en défaire pour accepter un prix décent. Déçu et un peu exaspéré, je finis par reprendre la liasse que j’avais posée sur la table et repars vers le Land. Dis jours que j’attends pour en arriver là... Juan et Hugo, mes conseillers sur ce coup, me disent que j’ai des chances de trouver une meilleure occasion chez des garagistes sikhs de Mapusa, dans l’état de Goa où je pars demain pour faire un article sur les dernières raves sous les cocotiers.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

ah mais le voilà le "bureau" de mes rêves!! ça du vrai "open space"